Samedi 6 janvier 2007.
Nous étions invité mes compagnons et moi à faire une démonstration de Kendô au voeux de la ligue de Picardie de Judô...
Arrivé au gymnase, nous étions tous là... Tous, en fait non, le directeur technique régional manquait à l'appel! Nous nous sommes donc trouvés sans sensei pour faire la démonstration... Or, il nous est interdit de pratiquer une démonstration sans sensei... Que faire? Rentrer chez nous, ne pas suivre la Voie en faisant faux-bond à nos hôtes? Ou alors, et c'est ce que nous avons fait, nous faisons la démonstration et remplissons par la même nos engagements vis à vis des gens qui nous ont invité, et cela au risque d'encourir un blâme de la part de notre maître!
Le responsable de notre groupe ce jour là ne savait pas trop sur quel pied danser après tout cela, mais il a choisi la voie de la vérité et à tout avoué à notre maître... Il nous a ainsi évité le déshonneur et la réprimande... Mais s'il y avait eu réprimande, il était hors de question de se défiler... Nous avons commis la faute ensemble, nous devions être puni ensemble! C'est une question d'honneur...
Et pour illustrer cette idée, je vais utiliser un passage du HAGAKURE que je vous ai déjà présenté :
" Un samuraï de Matsudaira Sagami No Kami, se trouvait dans une pension à Kyoto pour collecter de l'argent. Un jour qu'il était sur le pas de la porte regardant passer les gens, il entendit un passant crier : "On dit que les hommes du Seigneur Matsudaira sont engagés dans un combat". Le samuraï se dit : "C'est bien ennuyeux que mes compagnons soient impliqués dans un combat. Certains autres devraient aller relever ceux qui étaient de service à Edo. Ce sont peut-être ceux-là qui sont en train de se battre." Il se renseigna sur le lieu du combat et quand il arriva essouflé, ses compagnons avaient déjà été blessés par leurs adversaires qui étaient en train de leur porter le coup de grâce. Accompagnant ses attaques d'un cri, il trancha deux hommes et s'en retourna à Kyoto.
Cette affaire parvint aux oreilles de l'officier du Shogun qui manda le samuraï pour le questionner : " Vous avez porté assistance à vos compagnons et avez ainsi désobéi à l'ordonnance du gouvernement. Est-ce cela?". Il répondit : " Je viens de la province et il m'est difficile de comprendre ce que votre Honneur me dit. Pourriez-vous répéter s'il vous plaît? ". L'officier se mit en colère et dit : "Etes-vous sourd? Avez-vous oui ou non été impliqué dans une rixe, répandu le sang, désobéi aux décrets du gouvernement et passé outre la loi?".
L'homme répondit : " J'avais compris tout cela. Bien que vous l'affirmiez, je n'ai pas sciemment désobéi aux lois et n'ai pas eu l'intention de ne pas respecter l'ordonnance du gouvernement. La raison est que tout être vivant accorde à la vie en général un certain prix et il va sans dire qu'il en est de même de la vie humaine. Pour ma part, j'accorde une grande valeur à ma vie. Mais j'ai pensé qu'entendre que mes compagnons sont en danger et faire celui qui n'a rien entendu n'est pas digne de la Voie du Samuraï. C'est pourquoi, j'ai couru pour les secourir. Retourner chez moi, la honte au coeur, sachant que mes amis ont été tués aurait certes prolongé ma vie mais c'était désobéir à la Voie. Pour suivre la Voie, on doit savoir sacrifier sa vie précieuse. C'est pourquoi, pour respecter la Voie et ne pas mépriser le réglement, j'ai choisi d'aller sacrifier ma vie là-bas. Je vous demande, à présent, de procéder à mon exécution. ".
L'officier fut impressioné, classa l'affaire et écrivit au seigneur Matsudaira : " Vous avez un valeureux samuraï à votre service. Puissiez-vous le chérir. " ."